Tête à tête avec notre tente Hilleberg

Lors de notre rencontre avec Pierre en mai dernier, nous avons pu voir en détail les étapes de montage et démontage de notre tente Nammatj 3 GT. En effet, la plus grande partie de la rencontre s’est portée sur la démonstration et la mise en pratique du montage, du démontage et de l’entretien de la tente.

Après avoir expliqué les raisons de notre choix de tente, nous allons détailler les différentes étapes de montage. Vous pourrez vous rendre compte que c’est un jeu d’enfant et avoir la confirmation de la grande qualité de conception des tentes Hilleberg.

Le montage

On commence par monter les trois arceaux en aluminium. Ils sont préformés, c’est à dire qu’ils prendront automatiquement la forme qui convient une fois sous tension dans leurs fourreaux.

Les arceaux sont constitués de plusieurs brins, reliés entre eux par des élastiques. Pierre nous alerte sur un point d’entretien particulier : lors du montage, il faut prendre soin de ne pas lâcher les brins sous la tension de l’élastique. L’aluminium étant un métal tendre, il y a risque important de fissurer et casser un brin à la longue.
Enfin, surprenant au premier abord, l’arceau monté peut prendre une forme légèrement tordue mais rien de grave. Comme vu précédemment, il reprendra sa forme correcte automatiquement une fois sous tension.

On déploie ensuite la toile sur le sol puis on insère les arceaux dans les fourreaux prévus à cet effet. Ces derniers n’ont qu’une ouverture qu’on repère facilement grâce à une entrée biseautée. On pousse l’arceau jusqu’à environ la moitié du fourreau. Ensuite, on tire vers nous le tissu jusqu’à ce que l’arceau butte au bout du fourreau.

Une fois en butée, une poignée permet de tenir la toile de notre côté d’une main et de pousser l’arceau de l’autre main, afin qu’il rentre entièrement dans le fourreau. L’autre extrémité de l’arceau vient s’insérer dans un petit puit en plastique et il ne reste ensuite qu’à mettre l’arceau sous tension à l’aide d’une petite sangle prévue à cet effet.

On répète l’opération avec les trois arceaux et la tente est presque déjà prête.
Il faut ensuite fixer la tente au sol en commençant par l’arrière. Pour ce faire, on a deux sangles terminées par un anneau, qu’on vient fixer au sol avec les sardines prévues à cet effet. En effet, elles ont une encoche au niveau de la tête, dans laquelle l’anneau va venir se caler.

Idéalement, les sardines doivent être plantées avec un angle de 45° environ, dans la direction opposée à la sangle. Elles apportent ainsi une résistance suffisante. Sur des sols très meubles, l’angle peut être encore plus réduit, jusqu’à être presque parallèle au sol.
Car une sardine plantée à la verticale (ou pire dans le même sens que la sangle) apportera moins de résistance et aura un plus grand risque de céder si les conditions sont difficiles.

On passe ensuite à l’avant où on trouve à nouveau deux sangles. Avant de les fixer, on soulève la tente – un peu comme si on secouait une couette – pour bien dégager les câbles et sangles qui servent à tendre la tente.

On fixe ensuite l’avant de la tente comme on l’a déjà fait à l’arrière. Ensuite, on finit de tendre la tente avec les haubans à l’avant et à l’arrière.
En plus de tendre la toile, ils permettent aussi de bien ouvrir les ouvertures à chaque extrémité de la tente pour l’aération de la tente. Comme on le verra plus tard, une tente bien aérée permet de fortement limiter la condensation à l’intérieur.

Et voilà, telle quelle, la tente est déjà prête à l’emploi… par beau temps. Les haubans tout autour de la tente ainsi que des anneaux aux pieds des arceaux permettent d’assurer davantage la tente, pour résister aux vents forts et autres conditions climatiques difficiles.
Pour les haubans là encore, le réglage est d’une grande simplicité : un taquet coinceur – identique aux taquets qu’on trouve dans la voile – permet d’ajuster la tension de chaque hauban d’une main.
À noter que contrairement à ce qu’on pourrait penser, les haubans ne doivent pas être tendus au maximum et il faut trouver un juste milieu entre tension et souplesse. En effet, si les haubans servent à fixer la tente au sol, ils ont aussi une fonction d’amortisseur : ils absorbent l’énergie en cas de vent fort. Il ne faut donc pas trop les tendre et laisser du jeu, sous peine d’endommager la tente en cas de conditions climatiques difficiles.

Pierre en profite pour nous donner des conseils sur le plantage des haubans sur des terrains difficiles (sol caillouteux, sable, neige…) avec plusieurs techniques utiles dont la recette de base est toujours la même : utiliser les éléments à portée de main (cailloux, branches, ou encore vélos…) pour assurer la tente. Il y a toujours de quoi faire !

Toujours en relation avec les haubans, Pierre revient sur la tension de la toile et notamment sa réaction aux changements de température ou d’humidité. Par exemple, si on la tend et qu’il se met à pleuvoir, la tente va se détendre et il faudra alors la tendre à nouveau. Inversement, si on plante la tente sous la pluie et que le temps devient plus sec, la tente va se tendre et il faudra la détendre. Bref, c’est un point auquel il faudra être attentif.

Dans l’antre de la bête

On peut maintenant passer à l’intérieur de la tente, moment qui permet aussi de vérifier que la tente n’est pas trop tendue. En effet, si la fermeture ou l’ouverture de la tente demande de forcer sur la fermeture éclair, c’est que la tente est trop tendue.

On ouvre donc la porte. Cette dernière peut être ouverte sur la gauche ou sur la droite, en fonction du temps. S’il fait beau, on ouvre la porte depuis la gauche. Une fois ouverte, un système d’attache sur la droite permet de plier la toile de la porte pour ne pas qu’elle traîne par terre.

S’il pleut, on ouvre la porte depuis la droite. La chambre se situant sur la gauche, cela limite l’entrée de l’eau dans la chambre.

La porte est complétée d’une moustiquaire amovible qu’on peut utiliser si nécessaire.

Une fois à l’intérieur de la tente, Pierre nous donne une première règle d’usage : ouvrir les ouvertures à chaque extrémité de la tente pour ventiler au maximum l’intérieur de la tente. L’objectif est d’éviter la condensation à l’intérieur. En effet, la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur de la tente, couplée à l’humidité dégagée par le corps humain, produit plus ou moins de condensation à l’intérieur de la tente. C’est le même phénomène qui se produit dans une voiture en hiver.

On ouvre donc ces petites ouvertures et c’est là encore une occasion de vérifier que la tente n’est pas trop tendue : à l’instar de la porte, si on doit forcer sur la fermeture, c’est que la tente est trop tendue.

Pierre nous explique ensuite comment on peut démonter totalement ou partiellement la chambre intérieure de la tente. Il est toutefois recommandé de la conserver autant que possible car le principe de double-paroi (toile extérieure et toile de la chambre intérieure) a l’avantage de limiter la condensation à l’intérieur de la tente.

Le tour de l’intérieur de la tente est aussi l’occasion de parler des quelques accessoires comme les moustiquaires dont la trame est extrêmement fine et devrait grandement nous être utile dans les grandes étendues nordiques.

On découvre aussi un petit fil à linge dans la chambre, utile pour accrocher quelques vêtements légers pendant la nuit. On peut même ajouter un fil dans l’abside, à l’aide de la structure de la tente qui laisse cette possibilité.
Bref, tout autant de détails, subtils en apparence mais qui démontrent la réflexion poussée dans la conception des tentes Hilleberg, fruit de leur pratique et de leur expérience du bivouac.

Pierre nous parle aussi des ficelles au sol, qui traversent la tente et relient les extrémités d’un même arceau. Ces derniers sont maintenus sous tension grâce à ces ficelles, ce qui permet notamment à la tente d’être fonctionnelle avec peu d’attaches au sol.
Ces ficelles sont attachées par des nœuds réglés à la bonne tension par Hilleberg. Mais les nœuds peuvent se dérégler. On peut rapidement le voir si la toile est trop tendue au niveau des arceaux (comme la forme des arceaux est contrainte par la tension des ficelles, si elles se détendent, les arceaux s’écartent et forcent sur la toile). À ce moment là, il faut régler la ficelle de manière à retrouver la bonne tension. Au pire des cas (ficelle coupée et pas de ficelle sous la main), il est aussi toujours possible de fixer le pied de l’arceau à l’aide de la sangle (présente au pied) et d’une sardine.

Une ficelle similaire est présente au niveau de la porte. Pour une question pratique on peut très bien l’enlever, pour éviter de se prendre les pieds dedans. Il suffit simplement d’utiliser des sardines pour fixer les deux côtés de la porte et libérer ensuite cette ficelle.

Toujours au niveau de la porte, on découvre un taquet rouge (un cabillot plus exactement) à placer dans la fermeture de la porte, pour éviter qu’elle ne s’ouvre en cas de météo extrême, notamment vent fort ou poids de la neige sur la tente.

Pierre en profite ensuite pour nous donner aussi quelques conseils d’entretien et de réparation, sur les cordages, élastiques ou même la toile.

Entretien et réparations

Il commence par les élastiques qui joignent la double paroi. Il s’agit d’un système très simple de taquet qui passe dans un œillet. Si l’élastique venait à se détendre avec l’usure, il suffit de passer le taquet deux fois dans l’œillet pour réduire la longueur simplement.
Autrement, on peut aussi plier l’élastique au niveau de la couture et faire une sorte d’ourlet : on coud le pli par dessus la couture existante pour réduire là aussi la longueur de l’élastique.

Autre point d’entretien : la toile. Il s’agit d’un tissu siliconé, rien ne peut être collé dessus et cela pose un problème pour l’étanchéité des coutures. En effet, sur une tente en polyester, des bandes d’étanchéité sont collées au niveau des coutures pour les rendre étanches. Mais sur une toile en silicone on ne peut pas le faire et on ne peut donc pas garantir l’étanchéité des coutures dans le temps.
À force de solliciter la toile (en la manipulant mais aussi et surtout sous les assauts du vent), le tissu peut se détendre au niveau des coutures et laisser infiltrer l’eau. Il faut donc passer du Sil Net (une colle siliconée spécifique pour les tentes) à l’intérieur de la tente au niveau des coutures.

On parle ensuite un peu du tapis de sol (le footprint) que nous avons choisi de prendre car il permet de préserver l’intérieur de la tente de l’humidité du sol et de protéger davantage le sol de la chambre. Pierre nous explique comment le monter très simplement, à l’aide des œillets présents au niveau des pieds des arceaux et aux extrémités de la tente.
Une fois monté, le footprint peut rester monté sans que ça pose de problème pour le montage ou le démontage. En plus d’être très pratique, cet accessoirement ne devrait donc pas être trop encombrant au quotidien.

Le démontage

Pour le démontage, c’est assez simple, il suffit de reprendre les étapes en sens inverse.

Petite astuce pour les arceaux : commencer au milieu de l’arceau et prendre 2 par 2 les brins pour aller plus vite. Naturellement, si on est dans une zone avec un peu de monde, il faut penser à manipuler l’arceau à la verticale pour éviter d’éborgner par mégarde un innocent passant. On peut se passer de cette position en cas d’orage néanmoins.

Autre conseil pour le démontage : utiliser une serviette microfibre pour essuyer l’humidité sur le tissu. Au delà du démontage, on peut avoir à essuyer l’intérieur de la tente, après avoir fait la cuisine dans la tente quand il pleut par exemple.

Bonus : la résistance exceptionnelle du tissu Kerlon

En fin de démonstration, Pierre nous fait une démonstration de la solidité de la toile et le résultat est sans équivoque. On en parlait d’ailleurs dans le précédent article sur la tente.

À l’aide d’un stylo à bille, il fait un trou d’un bon centimètre de diamètre dans un échantillon de Kerlon.

Malgré ce trou béant, le tissu siliconé empêche le tissu de se déchirer. On a beau tirer dessus, le trou n’occasionne pas de plus grands dégâts sur le tissu.
Mieux encore, simplement en tirant sur le tissu dans le sens des fibres avec les doigts, ces dernières se reforment petit à petit, pratiquement jusqu’à retrouver leur forme d’origine. Une petite touche de Sil Net suffit ensuite pour redonner son étanchéité à la zone abîmée.
Tout simplement impressionnant !

Voilà pour cette démonstration détaillée vraiment très enrichissante pour nous.
Merci encore à Pierre pour cet échange. Nous savons que nous pourrons encore compter sur lui pour nous apporter aide et conseils ; et nous n’avons plus qu’une hâte : vivre notre aventure avec ce matériel made in Europe de grande qualité !